Bienvenue sur Dandelion

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Le blog estampillé Littérature 2.0

Chroniques littéraires et observateur de la dématérialisation du Livre

dimanche 23 février 2014

22/11/63 de Stephen King

L'uchronie est à la mode. Ce genre littéraire, prisé surtout des auteurs de SF (lire l'article du webzine le cafard cosmique lui étant consacrée) et qui consiste, pour un écrivain, à proposer une alternative à un pan de l'histoire sous la forme de la question "et si...?", a vu sa cote remonté en 2013 avec plusieurs œuvres remarquées comme La Véritable Histoire de Lady L. de la bangladaise Monica Ali où elle imagine la suite de la vie de Lady Di  qui ne se serait donc pas achevée tragiquement contre un pylône du tunnel du pont de l'Alma ou Il est midi dans le siècle de Léon Mercadet et Michel-Antoine Burnier qui inventent un Lénine, victime d'un accident de train sur le chemin de Petrograd.

Plus personnellement, mon parcours de lecture m'en a fait découvrir deux, le thriller historique de Robert Harris Fatherland, une enquête suite à l'assassinat de deux anciens S.S. de haut rang dans une Allemagne qui aurait gagné la seconde guerre mondiale ainsi que le génialissime Replay de Ken Grimwood relatant les pérégrinations dans le temps de Jeff Winston un homme de 43 ans qui meurt subitement d'une crise cardiaque et se réveille dans sa chambre d'étudiant, âgé de 18 ans et lesté de tous les souvenirs de sa précédente existence.

Le mythe de la machine à remonter le temps était un thème que Stephen King n'avait pas encore abordé dans sa bibliographie. Avec 22/11/63, il répare ce manque avec un brio tel que le roman se place, sans aucun débat parmi ses plus réussis.

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Résumé de l'éditeur:

Jake Epping, professeur d’anglais à Lisbon Falls, n’a pu refuser d’accéder à la requête d’un ami mourant : empêcher l’assassinat de Kennedy. Une fissure dans le temps va l’entraîner dans un fascinant voyage dans le passé, en 1958, l’époque d’Elvis et de JFK, des Plymouth Fury et des Everly Brothers, d’un taré solitaire nommé Lee Harvey Oswald et d’une jolie bibliothécaire qui deviendra le grand amour de Jake, un amour qui transgresse toutes les lois du temps.
Avec une extraordinaire énergie créatrice, King revisite au travers d’un suspense vertigineux l’Amérique du baby-boom, des « happy days » et du rock and roll.

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Parmi les fans de Stephen King, il y a tout d'abord les inconditionnels, les aficionados, ceux pour qui la sortie de l'une de ces nouvelles publications est un événement qu'ils ne manqueraient pour rien au monde. Ceux-là ont pour la plupart tout lu ou presque. J'en connais même qui se contentent uniquement de son oeuvre et qui la relise inlassablement. 

Et puis il y en a d'autres, qui soupèsent, piochent, s'interrogent sur l'un ou l'autre de ses livres avant d'y jeter leur dévolu ; qui ont été, si ce n'est déçu, quelques fois circonspects à sa lecture mais qui le citeront pourtant comme l'un de leurs auteurs favoris. Ceux-là vous parlerons avec enthousiasme de leurs romans préférés mais ne rougirons pas en disant que celui-ci ou celui là les a laissé de marbre. Je pense faire partie de cette seconde catégorie. 

De son oeuvre je plébiscite: Misery, La Part des ténèbres, Simetierre, Jessie, Différentes Saisons et Ça. Mais je dois avouer également que Le Fléau m'a profondément ennuyé. Réfractaire à la fantasy, la Tour Sombre n'est pas pour moi. Ayant lâché le maître pendant quelques années, son actualité récente (sa visite en France pour la sortie de Docteur Sleep, la suite de Shining) m'a naturellement fait me repencher sur sa bibliographie et c'est ainsi que Sac d'os et Histoire de Lisey sont venus grossir ma PAL avec la certitude de nouveaux moments de lecture anthologiques.
Vous l'aviez peut-être compris, c'est avec Misery que j'ai découvert Stephen King. D'autres, l'ont découvert récemment avec le roman dont ce billet fait l'objet, 22/11/63, le mythe de l'assassinat de Kennedy à l'heure de sa commémoration les ayant sans doute attirés. De ceux-là je suis sûr que nombreux feront grossir son lectorat. Car c'est toute la quintessence du talent de King qui ressort de ce roman.

Comme si King l'avait compris, il ménage ses nouvelles recrues. Pas de machine truculente pour voyagez dans le temps, nécessité de crédibilité. Oui de crédibilité car la mythe du voyage dans le temps est suffisamment grandiloquent pour n'avoir à en rajouter. Non le vecteur de ce voyage, le passage, la porte se trouve dans un endroit qui pourrait être le fond de notre grenier ou le recoin de la cave. Et l'on se prend presque à y croire, le pavé de plus de 900 pages ne nous fait plus peur et sommes pour un temps Jack Epping et allons donc le porter vers le but de sa vie: changer le monde en empêchant un événement charnière de l'histoire contemporaine, l’assassinat de Kennedy par Lee Harvey Osvald. Son postulat, si Kennedy n'était pas mort à Dallas, du moins le croit-il le monde d'aujourd'hui serait profondément meilleur. 

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Mais après quelques "shoots" de passé, Jack teste sa théorie sur des faits divers plus anonyme ; que se passera t'il dans le présent si l'on évite un drame du passé ?  Et c'est ainsi que les aficionados de King retrouve avec délectation la ville de Derry, à l'époque même où ils l'avaient découvert pour la première fois en 1958, dans le roman Ça, où ils retrouvent même les deux adolescents facétieux Beverly et Ritchie. Mais "le passé est tenace, il ne veut pas être changé" et Jack semble devoir lutter contre des forces obscures pour parvenir à ses fins. Mais comme le passé, Jack est tenace et décide donc de rester plus de 5 ans de sa vie dans les années 50.
C'est ainsi, qu'avec ses thèmes de prédilection l'alcoolisme/ la violence du père/l'écriture c'est une véritable chronique des fifthies qu'il nous est offert, une immersion dans l'époque des happy days pour qui les américains demeurent si nostalgique.

"Être chez soi, c'est regarder la lune se lever sur la vaste terre endormie et pouvoir appeler quelqu'un à la fenêtre pour la contempler ensemble." 
 5 ans, ça laisse le temps de faire sa place, de se trouver un chez soi. Alors que Jack sait qu'il doit fuir autant que faire se peut quelque attachement, il tombe amoureux d'une grande fille dégingandée, Sadie. L'amour occupe ainsi une part importante du livre comme rarement dans un roman de King.

Arrivé dans la course finale, tout s’accélère. Pa des tonnes de pages historiques trop pointues, juste ce qu'il faut en évitant l'écueil conspirationniste où King lâche les chevaux et ne ménage plus rien ni personne.

22/11/63 serait-il LE roman de Stephen King ?

AL 

Liens:


http://www.actusf.com/spip/10-Uchronies-incontournables.html

http://www.cafardcosmique.com/Uchronies-et-si

http://www.lexpress.fr/culture/livre/uchronies-l-histoire-avec-des-si_1222381.html

http://www.telerama.fr/livres/22-11-63,93634.php



And now, Don't waste your time and will to read a fucking book !!!

mercredi 19 février 2014

Le Vase brisé de Sully Prudhomme

Vous ne le savez peut-être pas mais la France est en tête au palmarès du Nobel de littérature. Avec 14 lauréats, la France devance les États-Unis qui en compte 12. Le Royaume-Uni complète le podium avec 10 primés.

Vous vous souvenez peut-être du dernier récipiendaire français, l'écrivain franco-mauricien J.M.G. Le Clézio couronné en 2008 mais saviez-vous que le premier Nobel de littérature décerné en 1901 le fut pour un autre français, le poète Sully Prudhomme ? Pas si sûr d'autant que ce dernier est loin d'être le poète français le plus populaire aujourd'hui.



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Il a pourtant laissé une oeuvre dense de plusieurs recueils dont le premier publié en 1865, Stances et poèmes d'où est tiré son plus célèbre poème, Le vase brisé, métaphore du cœur brisé par un chagrin d'amour.

Le Voici:


Le vase où meurt cette verveine
D'un coup d'éventail fut fêlé ;
Le coup dut l'effleurer à peine :
Aucun bruit ne l'a révélé.

Mais la légère meurtrissure,
Mordant le cristal chaque jour,
D'une marche invisible et sûre,
En a fait lentement le tour.

Son eau fraîche a fui goutte à goutte,
Le suc des fleurs s'est épuisé ;
Personne encore ne s'en doute,
N'y touchez pas, il est brisé.

Souvent aussi la main qu'on aime,
Effleurant le cœur, le meurtrit ;
Puis le cœur se fend de lui-même,
La fleur de son amour périt ;

Toujours intact aux yeux du monde,
Il sent croître et pleurer tout bas
Sa blessure fine et profonde ;
Il est brisé, n'y touchez pas.


AL

dimanche 16 février 2014

Premier Bilan après l'Apocalypse de Frédéric Beigbeder

Premier bilan après l'Apocalypse. Je vous rassure, Dandelion n'a pas décidé d'un virage à 180 degrés dans sa ligne éditoriale, il ne s'agit pas d'un ouvrage politique. Non, il s'agit bien de littérature. Et quelle littérature !

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Car lorsqu'un écrivain comme Frédéric Beigbeder, cet auteur si subversif des Belles Lettres Francophones, ce chroniqueur littéraire déjanté, ce réalisateur (de son propre roman soit) décide de lister les 100 œuvres principales, aussi classiques qu'hétérocycliques, qui l'ont construit en tant qu'homme et écrivain et que vous décidiez de vous y pencher quelques heures, vous passeriez alors un vrai moment de bonheur, sous condition tout de même, que vous passiez outre le manque flagrant d'académisme que ce genre d'exercice demanderait.

Si ceci vous semblait alors insoutenable mais que vous appréciiez tout de même sa prose pleine de gouaille, je vous renverrais alors vers un autre de ces livre,s tout aussi délectable et qui l'a précédé dans l'exercice, Dernier inventaire avant liquidation publié en 2001 et qui avait pour but de commenter la liste bien plus sérieuse des 50 œuvres du siècle - tirées à partir d'une liste de 200 titres présélectionnés par des libraires et critiques et ne laissant donc aucune place à la subjectivité - choisies en 1999 par 6000 français ayant renvoyés un bulletin distribué par la Fnac et le quotidien Le Monde. Vous auriez alors une bonne idée des livres qu'il n'est plus possible de négliger si comme moi vous n'aviez pas fait Lettre Moderne à la Fac mais que le plaisir de lire vous ayez emmené peu à peu sur le terrain d'une littérature plus exigeante et que vous ayez ainsi un besoin irrépressible d'objectivité. Ainsi vous y trouveriez dans le top 5: L'Etranger d'Albert Camus, A la Recherche du temps perdu de Marcel Proust, Le Procès de Franz Kafka, Le Petit Prince D'Antoine de Saint Exupéry et la Condition Humaine d'André Malraux (Pour la liste complète, c'est ici).

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A coté de Dernier inventaire avant liquidation, Premier bilan après l'Apocalypse fait figure d'inventaire à la Prévert tant les œuvres y étant chroniquées y sont bigarrées. Certains classiques perdurent, Paludes (Gide) qui apparaît même en troisième position, L'attrape-Coeurs (Salinger qui est même présent une seconde fois avec ses "Nouvelles") ou "Les Nouvelles complètes" d'Hemingway ; certains de ces amis, Plateforme de Michel Houellebecq, Bright lights, big city de Jay McInerney, Maudit Manège de Philippe Djian ou encore Hygiène de l'assassin d'Amélie Nothomb et des coups de cœurs parfois surprenants comme le recueil de poésie placé à la 6ème place du hit parade Contrerimes de Paul-Jean Toulet, ou Nicolas Pages du regretté Guillaume Dustan. C'est ainsi que vous remonterez le classement du 100ème au premier ou, si ce classement vous parait vraiment trop incongru, en piochant pèle-mêle dans la liste. Je dois d'ailleurs avouer un état de fait, je n'y ai pas lu l'intégralité des chroniques. Et pourtant, je ne suis plus à un paradoxe près, c'est sans doute, depuis que je l'ai en ma possession, le livre que j'ouvre le plus dans une année comme certains peuvent le faire pour un recueil de poésie.

Si ce soir vous ne saviez pas quoi lire, vous avez donc rajouté Dernier inventaire avant liquidation à votre PAL. Coup double puisqu'il va résoudre votre problème pour un moment tant Frédéric Beigbeder a su y imprimer son amour pour la littérature et saura vous convaincre d’y exhumer quelques unes de vos futures lectures.

C'est ainsi que j'ai pu répondre à l'une de mes collègues de bureau qui me demandait qui avait bien pu me convaincre de lire Des bleus à l'âme de Sagan, - "Et bien, c'est Frédéric Beigbeder".

La classe non ?

Premier bilan après l'Apocalypse à également un autre intérêt qui réside dans sa préface. Car pour l'auteur, l’avènement des tablettes, des liseuses et plus généralement de la lecture sur écran sonne le glas du livre papier et par corrélation de la forme littéraire du roman. Mais de cela j'y reviendrai très bientôt pour la rubrique littérature 2.0 de Dandeloin.    

AL            

Liens:



http://www.telerama.fr/livres/premier-bilan-apres-l-apocalypse,72770.php

http://www.lexpress.fr/culture/livre/les-trois-premieres-pages-de-premier-bilan-apres-l-apocalypse_1029661.html

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