Bienvenue sur Dandelion

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Le blog estampillé Littérature 2.0

Chroniques littéraires et observateur de la dématérialisation du Livre

jeudi 26 juin 2014

Joyland de Stephen King

Lorsque comme moi l'on se (re)met subitement à lire Stephen King, l'on se prévient d'un risque - ne plus savoir quoi lire, mais l'on s'impose également une frustration - la presque impossibilité de l'exhaustivité, à moins de lui offrir l'intégralité de son temps de lecture au vue de sa production toujours aussi prolifique.
Ce n'est pas mon cas même si beaucoup de ses romans ont investis ma PAL et qu'il semble être devenu le fil rouge ou point de repère de celle-ci. Depuis sa visite en France en novembre dernier, j'y ai donc consacré plusieurs chroniques (22/11/63, Sacs d'Os, Sale gosse, Dr Sleep, Running Man) et c'est tout naturellement que Joyland sa dernière publication est tombée dans mon escarcelle.

http://blowawaydandelion.blogspot.fr/Joyland de Stephen King couverture US

Pitch de l'éditeur:

Les clowns vous ont toujours fait peur ?
L’atmosphère des fêtes foraines vous angoisse ?
Alors, un petit conseil : ne vous aventurez pas sur une grande roue un soir d’orage…

Mêlant suspense, terreur, nostalgie, émotion, un superbe King dans la lignée de Stand by me.

***
Tiens ! Pour une fois une quatrième de couverture qui ne raconte pas la moitié du livre... Est-elle bonne pour autant ? Oui et non car si elle demeure suffisamment énigmatique, elle est quasi mensongère. En effet, en évoquant la peur des clowns, Albin Michel nous renvoie évidement à Grippe Sou la presque incarnation du mal de Ça (la toute prochaine chronique livre de Dandelion) et qui en prend souvent la forme. Peur et angoisse ? Assurément pour l'éditeur qui craignant sans doute que les lecteurs potentiels de Joyland n'y recherchant que l'horreur et l'épouvante rattachées viscéralement à son nom ne soient un tant soit peu refroidis par un pitch plus proche de son contenu.

C'est que Stephen King s'accorde parfois des histoires un peu moins horrifiques comme les trois premières novellas du formidables recueil Différentes Saisons ( Rita Hayworth et la rédemption de Shawshank, Un élève doué, le corps - Stand by me en anglais, oui Albin Michel !) ou La Ligne Verte avec tout de même pour ce dernier une touche de fantastique.
Touche de fantastique dont il est tout de même également question dans Joyland, un parc d'attraction au bord de la plage d'Heaven's Bay en Caroline du nord où, au delà de ses attractions phares La Carolina Spin et le Thunderball, le meurtre sordide d'une jeune femme, Linda Gray, sauvagement égorgée, y a été commis. Celle-ci qui semblerait hanter l'attraction dans laquelle elle a perdu la vie, "La maison de l'horreur". 

C'est dans ce parc que Devin Jones, un jeune garçon de 21 ans, alors qu'il est en train de subir sa première déception amoureus,e va s'engager pour l'été afin de gagner les deniers nécessaires pour lui éviter de devoir travailler pendant son année universitaire.   

On a souvent été à deux doigts de le faire, mais sans jamais vraiment aller jusqu'au bout. Elle refusait à chaque fois et je ne l'ai jamais forcée. Dieu m'en est témoin, je me montrais galant. Je me suis souvent demandé ce qui aurait pu changer (en bien ou en mal) si je ne l'avais pas été. Aujourd'hui je sais que les mecs galants tirent rarement leur crampe... Brodez ça sur un canevas et accrochez-le dans votre cuisine.

Il s'y fera des amis pour la vie (Erin Cook et Tom Kennedy), deviendra en quelque sorte et le temps d'un été la mascotte du parc et finira, poussé par une force mystérieuse à vouloir coûte que coûte résoudre le meurtre de  Linda Gray.

J'entend ça et là certains fans du King considérer Joyland, comme mineure au milieu de ces plus récentes publications. S'il est vrai qu'il est surement moins ambitieux que le fabuleux 22/11/63Sac d'Os ou Histoire de Lisey, Joyland ce roman d'apprentissage mâtiné de polar a le mérite de nous raconter une histoire émouvante sur le difficile passage de l'adolescence à l'age adulte, période pendant laquelle les choix sont pourtant si cruciaux, sur les premières désillusions amoureuses et sur les rencontres fondatrices pour le reste de l'existence. 
Avec comme cerise sur le gâteaux un travail énorme (de recherche mais aussi de pure invention précise t'il dans sa postface) effectué par Stephen King quant à cette véritable langue des forains, "la parlure" qui donne à Joyland une vrai authenticité et permet de nous immerger un peu mieux dans les coulisses d'un parc d'attraction du début des années 1970. Chapeau donc à Nadine Gassie et Océane Bies les deux traductrices françaises qui ont su transposer "la parlure" de façon si probante.

Joyland un Stephen King qui sans proposer la dose habituelle d'effrois pourrait bien, avec une fin très touchante, nous tirer quelques larmes...

Les gens trouvent que les premières amours sont tendres. Et jamais plus tendres que lorsque ce premier lien se brise... Il y a bien un millier de chansons pop et country à l'appui : des histoires d'imbéciles qui ont eu le cœur brisé. Le fait est que ce premier cœur brisé est toujours le plus douloureux, le plus long à guérir, et celui qui laisse la cicatrice la plus visible. Tendre, vous croyez?

AL



And now, Don't waste your time and will to read a fucking book !!!

vendredi 20 juin 2014

En finir avec Eddy Bellegueule d'Edouard Louis

http://blowawaydandelion.blogspot.fr/

Résumé de l'éditeur:

"Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d'entendre ma mère dire Qu'est-ce qui fait le débile là ? Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J'étais déjà loin, je n'appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait. Je suis allé dans les champs et j'ai marché une bonne partie de la nuit, la fraîcheur du Nord, les chemins de terre, l'odeur de colza, très forte à ce moment de l'année. Toute la nuit fut consacrée à l'élaboration de ma nouvelle vie loin d'ici". En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Très vite j'ai été pour ma famille et les autres une source de honte, et même de dégoût. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre.

***
Voici la plus difficile chronique que j'ai eu a écrire depuis la naissance de Dandelion. En finir avec Eddy Bellegueule comporte à peine plus de 200 pages. J'ai mis pourtant des mois à le finir, lisant quelques dizaines de pages puis le refermant, passant à un autre roman, y revenant, avec toujours ce sentiment de malaise perdurant pour me le faire encore et encore tomber des mains. Malaise oui, mais aussi incompréhension, consternation puis (donc) rejet en bloc.

Mais quelle force dissimulée en moi m'a contraint à finir coûte que coûte ce bouquin alors que tant d'autres m'attendaient et que le privilège du lecteur lambda n'est-il pas de ne lire sous aucune contrainte ?
De l'attachement. Oui, c'était évident, même si je ne m'en suis rendu compte que dans les derniers paragraphes du livre d'Edouard Louis. De l'attachement pour une région (La Picardie) dans lequel nous avons donc vécu tous les deux Eddy Bellegueule et moi. Lui a donc passé son enfance dans un petit village de la région crayeuse du Vimeu dans le département de la Somme, moi dans la capitale, la plus grande ville entre Paris et Lille, Amiens ou réside donc un dénominateur commun entre nous, un lycée que nous avons tous deux fréquenté, à des époques différentes évidement, le lycée Madeleine Michelis. Un gouffre entre ces deux mondes espacés pourtant de quelques kilomètres. Ainsi donc, sans ces quelques éléments de rattachement, je n'y serai donc jamais venu à bout. D'accord mais l'ayant fini, comprenant sans doute un peu mieux sa démarche, une incompréhension demeurait pourtant.

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Il y a bien des façons d'aborder un roman quelconque. Si autant de lecteurs/critiques furent aussi dithyrambique à l'égard d'En finir avec Eddy Bellegueule, c'est sans doute qu'ils l'ont pris pour ce qu'il n'était pas tout à fait, un simple roman, sans connaître ou simplement sans n'avoir cure (ne touchons pas à l'autofiction) de la polémique qui a très vite enflée autour du récit de ce tout jeune auteur de 21 ans.

Cette histoire, tout à la fois forte, bouleversante voire choquante sur la difficile enfance d'un garçon homosexuel né dans un milieu défavorisé (financièrement mais aussi intellectuellement) dans un village de l'austère campagne picarde où sa jeunesse fut un véritable calvaire entre fin de mois difficile ce soir on mange du lait, violence à l'école à son encontre prend ça dans ta gueule sale pédé, alcoolisme et rejet du père, pauvreté intellectuelle notre émission, vite ça v être "La Roue" (de la fortune), faut pas rater le début, racisme, idée de la virilité dépassée qui de fait accentue son lent sentiment de rejet...

Ce récit je n'ai pu le lire ainsi, l’aborder avec le recul nécessaire et n'en voir que ses qualités littéraires certaines ou par delà la dureté de ce qu'il y est écrit le mot reste juste et parfois même beau le mensonge était la seule possibilité de faire advenir une vérité nouvelle.
Et d'ailleurs mon malaise est en fait résumé en un seul mot en caractère rouge sur la couverture: ROMAN.
Normalien, Edouard Louis a sans conteste écrit un excellent livre sur le transfuge de classe, à l’intérêt sociologique indéniable.       
Ainsi, dans le cadre d'une telle démarche, est-il bien nécessaire de jeter en pâture tant d'éléments autobiographiques, d'autant que son récit semble avoir également un forte propension à l'invention et l'exagération de son propre vécu, qui, si elle n'enlève rien aux qualités intrinsèques du livre et sont même nécessaires à sa démarche, en conservant son propre nom Eddy Bellegueule, les prénoms des différents protagonistes du livre, de ses parents, frères et sœurs, sans le moindre effort de protection, Edouard Louis n'avait-il pas une démarche quelque peu vengeresse ?

La perception future de tel ou tel protagoniste d'un livre dans une démarche autobiographique ou d'autofiction ne doit jamais façonner son écriture au risque d'en diminuer la portée. C'est une règle fondamentale et que pour la plupart du temps je ferais mienne. Mais n'y avait-il pas un quelconque procédé littéraire afin d'éviter de susciter tant la polémique dans sa région région d'origine et tant de rejet et d’incompréhension auprès de sa famille ?
Si bien entendu, à moins qu'au delà d'avoir tué Eddy Bellegueule, Edouard Louis décida de couper définitivement avec un passé qui l'a pourtant façonné. 

AL


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mercredi 18 juin 2014

Dandelion sélectionné comme lecteur VIP pour la troisième édition du Coup de cœur des lecteurs Entrée Livre 2014

C'est avec une joie non dissimulée que je vous annonce que Dandelion a été choisi comme lecteur VIP pour la troisième édition du Coup de cœur des lecteurs d'Entrée Livre, le site communautaire lancé il y a maintenant plus de 2 ans par le Groupe Decitre, libraire incontournable de la région lyonnaise et troisième site français de vente en ligne de livres.

http://blowawaydandelion.blogspot.fr/

Ainsi et le temps d'un été, Dandelion détiendra (parmi un groupe de 20 autres lecteurs émérites) le privilège  habituellement réservé aux professionnels du livre à savoir découvrir en exclusivité et avant leur date de sortie officielle les romans qui animeront la grand-messe de la rentrée littéraire de septembre 2014.

Vous pourrez ainsi découvrir au fur et à mesure de l'été mon avis sur un panaché de romans concocté par les équipes de Decitre dont découlera en septembre le prix Coup de cœur des lecteurs d'Entrée livre 2014, ouvrage ayant fait consensus au sein de ce panel de 20 lecteurs (10 lecteurs numériques et 10 lecteurs papier).

Evidemment, dès que j'aurais reçu le précieux colis (Dandelion a choisi le papier), je ne manquerai pas de vous communiquer le titre des romans et le nom des auteurs qui pour certains trusteront sans doute les Prix littéraires les plus prestigieux de novembre.

A suivre...

Et si vous n'en n'avez jamais entendu parler, voici une petite présentation du site communautaire Entrée Livre:



AL